Diffusion du film Unplanned: C8 accusée de propagande anti-avortement

Si vous avez eu l’occasion de visionner Unplanned ce lundi 16 août sur C8, vous avez probablement eu vent de la polémique assortie à cette diffusion.

Le film Unplanned dépeint l’histoire vraie d’Abby Johnson, ex-employée d’un planning familial devenue militante anti-avortement.

Sorti en 2019 aux États-Unis, le film fait parler de lui depuis hier soir.

 

Retour sur la chronologie de (la vraie) Abby Jonhson

Au départ, l’engagement d’Abby Jonhson en tant que bénévole au planning familial partait d’une volonté d’aider les femmes. En effet, elle défendait à l’origine le droit à l’avortement et travaillait pour la clinique Planned Parenthood.

C’est après avoir assisté à un avortement par aspiration que Abby Johnson va faire un virage à 180° dans ses convictions. Elle raconte avoir assisté au combat pour la survie d’un fœtus âgé de 13 semaines.

 

 

Elle devient ainsi militante activiste pro-vie après avoir été une fervente défenderesse du pro-choix.

Il faut savoir que plusieurs éléments ont amené les journalistes américains à mettre en doute la vércaité de l’histoire d’Abby Johnson.

Premièrement, au moment de son expérience de “prise de conscience”, son employeur envisageait de la licencier.

En effet, celui-ci lui avait fait comprendre que son travail laissait à désirer depuis plusieurs mois, et l’avait convoquée.

La veille de sa démission du planning familial, Abby Johnson avait posté sur sa page Facebook les mots suivants:

“Bien. Voici l’histoire. Je fais le travail de deux personnes à temps plein depuis deux ans. Ensuite, après avoir travaillé comme une dingue pour eux et avoir donné la priorité à cette entreprise par rapport à ma famille, mes amis et à peu près toute ma vie, ils ont le culot de me dire que mes performances au travail « déclinent ». QUOI???!!! C’est fou. Quiconque me connaît sait à quel point j’étais engagé dans ce travail. Ils ne me valorisent évidemment pas du tout. Donc, je me barre et je me sens vraiment bien avec cette décision!”

 

Ensuite, les enregistrements de la clinique Planned parenthood ne montrent aucun avortement par aspiration le 26 septembre 2009. C’est à cette date qu’Abby Johsson prétend avoir assisté à cette expérience traumatisante.

La clinique n’aurait d’ailleurs enregistré aucun avortement sur fœtus de 13 semaines sur tout le mois de septembre 2009.

La parole d’Abby Johnson a ainsi été mise en doute par de nombreux journalistes américains.

Source: The Texas Monthly

La diffusion de Unplanned hautement contestée

Depuis l’annonce de la diffusion de Unplanned sur C8, la contestation fait rage. Produit par des évangélistes américains, le film a déjà été contesté aux Etats-Unis, malgré son succès.

Dès la bande annonce, et sans regarder le film, il est aisé d’y voir une propagande anti-avortement.

Pour faire très court: Abby Johnson y apparait comme une bienfaitrice humble et martyr, alors que la directrice du planning familial y apparaît comme… une sorcière, en un mot.

 

 

Le CSA s’est d’ailleurs saisi de l’affaire suite à de nombreux signalements de téléspectateurs.

Suite Twitter, le débat a fait rage et plusieurs militantes féministes se sont indignées. Les militantes pro-choix pronent d’ailleurs le hashtag #moncorpsmonchoix avec ferveur, depuis.

Marlène Schiappa, entre autres, a ainsi twitté:

 


Vincent Bolloré et C8 accusés de propagande

Malgré un “disclaimer” affiché par la chaîne avant la diffusion du film, celle-ci a été largement critiquée. En effet, le bandeau a été jugé hypocrite, sans interêt et insuffisant.

 

La chaîne, déjà reprise à de nombreuses fois par le CSA, est dirigée par Vincent Bolloré, pratiquant catholique, connu pour ses idées conservatrices. Rappelons que celui-ci a racheté l’hebdomadaire La France chrétienne en 2018.

C8 a d’ailleurs diffusé ce dimanche 15 août une messe sur son antenne. La chaîne est de plus en plus épinglée pour ses contenus non neutres.

 

Le droit à l’avortement en France

Finissons en rappelant que le droit à l’avortement a été acquis en France avec la loi Veil, le 17 janvier 1975.

Toute entrave à ce droit constitue un délit passible de deux ans d’emprisonnement et de 30 000€ d’amende depuis le 15 février 2017.

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